Notre dossier complet sur le Plan Local d'Urbanisme Intercommunal (PLUi)
Catégorie(s) : Le mag', Urbanisme
La façon d’aménager un territoire, d’y construire des habitations, des bâtiments destinés au commerce, à l’artisanat et à l’industrie, ou encore des infrastructures de transport, de services et de loisirs, est encadrée par un ensemble de dispositions et de règles. Définies localement par les élus, ces dernières doivent répondre aux exigences de la loi, notamment en termes de protection de l’environnement.
Le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) traduit les choix de l’Eurométropole 1 en matière d’aménagement, de construction et de préservation des milieux pour les 10 prochaines années, dans le respect de la réglementation nationale.
Les élus travaillent depuis 2019 à cette démarche, qui implique également les habitants.
Après deux séries de réunions publiques organisées en 2021 et 2022 (12 au total), le projet a été arrêté par le Conseil métropolitain le 3 avril 2023. L’enquête publique démarrera cet automne.
Lorsque le PLUi sera adopté, il remplacera les anciens Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) établis par chaque commune.
Participez à l’enquête publique
Étape essentielle, l’enquête publique permet aux habitants de s’informer sur tous les éléments du projet de PLUi, et de formuler leurs observations dans les registres disponibles en mairie des 45 communes concernées, ainsi qu’à la Maison de la Métropole. Un registre dématérialisé sera également accessible 24 heures/24 en ligne, durant toute la durée de l’enquête publique.
La commission d’enquête chargée d’encadrer la procédure, est désignée par le tribunal administratif.
Henri Hasser, « La volonté d’écouter tout le monde »
Vice-président de l’Eurométropole délégué à la planification et à l’urbanisme, maire du Ban-Saint-Martin, Henri Hasser rappelle l’important travail collaboratif que représente l’élaboration du PLUi.
Près de quatre années ont été nécessaires pour mettre en œuvre le PLUi. Comment avez-vous procédé ?
Nous avons travaillé avec les élus communaux, secteur par secteur, et de nombreux partenaires institutionnels (Scotam 2, Direction départementale des territoires, chambres consulaires, Parc naturel régional, etc.) ont été associés. Beaucoup d’importance a également été accordée à la concertation avec les habitants.
Vous vous êtes aussi appuyé sur des études techniques…
Notre travail se fonde sur les analyses de la consommation foncière et de l’occupation des sols 3, l’observatoire des friches 4, et plus généralement sur tous les documents cadres des politiques métropolitaines (habitat, environnement, etc.).
Les communes de l’Eurométropole n’ont pas toutes la même configuration. Comment la démarche PLUi prend-elle cela en compte ?
Le projet est construit sur le respect des identités territoriales. On distingue sur notre territoire un cœur métropolitain (la ville centre), un noyau urbain (10 communes) et la couronne métropolitaine (34 communes). Les réalités de terrain, les projets antérieurs et à venir y sont différents.
Nous devrons nous adapter à de nouvelles formes urbaines et répondre aux besoins de développement de la métropole. Elle est un lieu de culture, de formation, de santé. Elle concentre les emplois… tout cela attire du monde, qui doit pouvoir se loger.
Les habitants peuvent-ils encore donner leur avis sur le PLUi ?
L’enquête publique est faite pour cela. La commission d’enquête va écouter les remarques et les doléances de chacun. Nous avons la volonté d’écouter tout le monde.
Marilyne Webert, « Les contraintes nous incitent à être plus créatifs »
Conseillère métropolitaine déléguée à l’urbanisme opérationnel et maire de Pouilly, Marilyne Webert se préoccupe du lien entre le PLUi, premier du genre pour l’Eurométropole, et les projets des communes. L’élue explique.
Où pouvons-nous nous loger, peut-on construire une maison sur ce terrain, est-ce que ma commune va aménager un lotissement, pourquoi je
ne peux pas reboucher la noue qui borde ma propriété ? Ce sont ces questions concrètes, directement liées à notre quotidien, qui sont
posées lorsque l’on parle d’urbanisme opérationnel.
Marilyne Webert, en charge de cette mission à l’Eurométropole de Metz, explique l’enjeu du PLUi : « Il s’agit d’imaginer comment les projets des communes vont pouvoir répondre aux nouvelles exigences environnementales - protection des espaces naturels, réduction de l’artificialisation des sols, etc. Il faudra faire des concessions et respecter les règles, pour, finalement, se montrer certainement plus original. Trouver par exemple de nouvelles formes de constructions en cœur de village. Les contraintes peuvent être difficiles à vivre, mais nous incitent à être plus créatifs », affirme l’élue.
Et d’évoquer le projet de nouvelle salle de sport de Pouilly, qui libérera l’espace de l’ancien équipement au centre du village. « Nous réfléchissons à la manière de revaloriser ce terrain », relate-t-elle.
La vision de Thomas Pesquet
Ce qui faisait déjà tout l’enjeu des Plans Locaux d’Urbanisme (PLU) à l’échelle des communes - « mieux connaître le ban communal, mieux savoir comment protéger certaines choses » - devient aujourd’hui d’autant plus prégnant à l’échelle intercommunale.
« Je pense toujours à Thomas Pesquet qui regarde la planète de plus haut. Le PLUi oblige à une vision plus globale et plus juste des paysages », expose Marilyne Webert, en s’appuyant sur l’exemple des voies vertes qui relient les communes, ou encore sur la gestion des eaux pluviales.
« C’est notre premier PLUi, il y a un travail de pédagogie à réaliser », poursuit la conseillère déléguée, qui siège également à l’assemblée du SCoTAM. « Il faut comprendre l’articulation des territoires. Tenir compte des besoins des autres », conclut-elle.
Moins de consommation foncière, une belle étape de franchie
Si, en matière de réduction de consommation des sols, le PLUi ne règle pas tout, tout de suite, il fixe des règles et un cap précis pour un aménagement du territoire plus respectueux de l’environnement. Les explications de l’urbaniste messin Amaury Krid.
« Nous avons franchi une belle étape » : ainsi l’urbaniste à l’Aguram, agence qui épaule l’Eurométropole dans la rédaction de son PLUi, incite-
t-il à considérer « la progression » que représente le travail réalisé par les élus de l’Eurométropole, pour aboutir au document aujourd’hui porté à la connaissance du public.
Car jusqu’à présent, les PLU, mis en œuvre par chaque commune, « présentaient une diversité de règles », alors que le PLUi, établi à l’échelle de l’Eurométropole, « apporte une unité de règles, donc plus d’équité ».
Menée à l’échelle intercommunale, la réflexion a en outre permis de réduire la superficie des zones susceptibles d’être urbanisées. « Sur les communes urbaines, nous sommes passés de 534 hectares de surface à urbaniser, à 219 hectares (soit moins 50 %), et de 121 à 63 sur les communes périurbaines et rurales (soit moins 48 %) », détaille le professionnel, documents à l’appui.
Le potentiel du tissu urbain et des friches
« Le code de l’urbanisme impose aux élus d’évaluer tous les espaces exploitables à l’intérieur du tissu urbain (anciens bâtiments, dents creuses, etc.) avant de construire ailleurs. Nous évaluons cela commune par commune, en prenant également en compte le potentiel des Zones d’activité économiques et des friches à accueillir des logements ou pas. Le PLUi permet de réaliser 12 138 logements », argumente l’urbaniste.
« Des efforts sont faits pour réduire la consommation d’espaces naturels », insiste-t-il, en citant notamment Les Hauts de Vallières à Metz, ou une vaste zone arborée restera préservée. Et d’évoquer encore les zones humides. « Des projets de construction en gestation y ont été abandonnés. C’est important pour l’environnement », poursuit Amaury Krid.
Le respect des continuités écologiques, trames vertes, bleues et noires, essentielles à la préservation de la biodiversité, constitue « l’un des atouts du PLUi », affirme-t-il.
Cédric Lavaud, « L’équation sensible des préoccupations environnementales et de la crise du logement »
Cédric Lavaud a présidé le bureau mosellan de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier), avant d’en rejoindre le bureau national. Également à la tête de l’Amepi, qui est le fichier national des agents immobiliers, il souligne les questions en tension à l’heure de la mise en œuvre des PLUi. Des enjeux d’écologie et d’urbanisme d’autant plus cruciaux que la position du bassin de vie messin est stratégique.
Comment voit-on arriver les nouveaux PLUi, lorsque l’on est un professionnel de l’immobilier ?
Les PLUi vont dans le bon sens, car il était fondamental de prendre de la hauteur, plutôt que de poursuivre avec une vision réduite à chaque commune. On harmonise, mais attention, deux enjeux s’affrontent : la crise du logement et les préoccupations environnementales.
Compte tenu des indicateurs démographiques, on est en pénurie de logements. On ne répond pas à la demande, qui augmente en raison de la mobilité dans le logement, les familles monoparentales, l’allongement de la durée de vie, le maintien à domicile, etc. Pour donner un exemple, dans mon agence nous recherchons actuellement 50 logements, pour 460 demandes en liste d’attente.
Comment intégrez-vous les préoccupations environnementales, liées à l’artificialisation des sols notamment, dans votre réflexion ?
Il faut évidemment penser un développement responsable. Il a fallu des électrochocs comme les catastrophes naturelles pour que l’on pense un aménagement moderne, soucieux de l’avenir de l’environnement et des générations. Mais cela ne peut se faire au détriment du logement. Si on ne regarde que l’angle écologique, on va faire de l’immobilier un produit de luxe. Le besoin en logements est tel que stopper le droit à construire n’est pas tenable.
On doit aujourd’hui restreindre l’étalement urbain, et la réglementation prône d’exploiter l’existant, par exemple les anciens bâtiments industriels, ou encore ce que l’on appelle les « dents creuses ». Qu’en pensez-vous ?
Nous devons effectivement réinventer la ville sur la ville, développer des idées respectueuses de l’environnement. Cela doit être pérenne, et immédiat, car on construit pour les 10 ans à venir, alors qu’on est déjà en pénurie de logements depuis 20 ans. L’enjeu est d’autant plus important que Metz a l’avantage des villes moyennes, qui sont ce que recherchent les gens : l’eau, les espaces naturels comme le Saint-Quentin, la proximité de l’autoroute, etc.
Les perspectives d’habiter un beau village, le maire de Lessy témoigne
« Chaque commune doit participer à l’effort pour développer l’habitat de demain », exprime Jean-François Losch, Conseiller délégué à la protection du Mont Saint-Quentin et maire de Lessy.
Appréciant la « cohérence » que constitue la dimension intercommunale du plan d’urbanisme, l’élu s’interroge néanmoins sur la loi imposant de restreindre la consommation de foncier 1. « Les communes qui ont été les plus vertueuses vont être pénalisées », regrette-t-il en rappelant que, moins la collectivité a consommé de terrain entre 2011 et 2020, moins celle-ci est effectivement autorisée à poursuivre son développement.
« Il faut pourtant donner à la génération qui arrive des perspectives autres que d’habiter un quatrième étage en centre-ville. Les beaux villages ne doivent pas être réservés à quelques privilégiés, ajoute l’élu, l’objectif n’est pas de devenir les Baux-de-Provence ou Gordes. Nous voulons nous ouvrir, garder notre école et notre vie associative », conclut-il.
Dernière mise à jour : 16/10/2024