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Solidarité Ukraine : tous mobilisés !

Dans les jours qui suivent le début de l’offensive en Ukraine, un élan de solidarité monte de toutes parts sur le territoire de l’Eurométropole.

Catégorie(s) : Le mag'

Premières préoccupations : acheminer des vêtements et des vivres, et aller chercher des Ukrainiens déplacés pour les protéger.

Début mars l’Eurométropole et la Ville de Metz se tiennent aux côtés de l’association Échanges Lorraine Ukraine et appellent aux dons. Vêtements chauds, produits de première nécessité - vivres, produits d’hygiène et médicaments - convergent vers le centre Saint-Denis de la Réunion (Metz Devant-les-Ponts). De nombreuses communes de l’Eurométropole, et voisines participent à l’opération. 

Les bénévoles de la Banque alimentaire, de Caritas Moselle et de la Protection civile trient les marchandises. Une centaine de palettes de fournitures et de denrées sont collectées dès les premiers jours, « du jamais-vu », commente le 4 mars François Grosdidier, Président de l’Eurométropole et Maire de Metz. « Beaucoup d’émotion, qui se traduit par des actions concrètes. Nous faisons en sorte que tous ces dons soient acheminés au plus vite », explique-t-il. La Protection civile assure un premier acheminement en direction de la frontière entre l’Ukraine et la Pologne le samedi 7 mars. D’autres suivront.

Le local de Devant-les-Pont s’avère rapidement saturé. L’Eurométropole ouvre une nouvelle plateforme de stockage sur le plateau de Frescaty, permettant de gérer les arrivées de fournitures de manière plus pérenne et d’organiser les futurs convois.
 

Échanges Lorraine Ukraine, un investissement sans faille

Échanges Lorraine Ukraine (ELU) est une association franco-ukrainienne dédiée à la formation, la culture et la solidarité. Elle a été fondée il y a deux décennies à l’initiative d’Ukrainiens venus étudier à Metz, notamment pour favoriser les échanges universitaires entre les villes de Tchernivtsi et Metz.

Depuis le début de la crise ukrainienne, les bénévoles d’ELU s’impliquent massivement dans les opérations de soutien à leurs compatriotes, celles et ceux qui sont restés dans leur pays comme les personnes déplacées. Frédéric Nivol, secrétaire général de l’association, témoigne en outre de l’engagement des bénévoles « dès les événements de Crimée en 2014 ». ELU déploie ainsi désormais une véritable activité  humanitaire. Ses membres collectent des produits de première nécessité, facilitent les échanges entre Français et Ukrainiens en jouant le rôle d’interprète, orientent les déplacés vers les différents organismes  sociaux dans le domaine de la santé, du logement et de l’emploi, etc. L’association déploie actuellement ses activités dans différents sites métropolitains (Bliiida, MJC des Quatre Bornes, Montigny-lès-Metz et Moulins-lès-Metz). ELU est à l’origine des échanges qui ont facilité le jumelage de la Ville de Metz avec Tchernivtsi.

Témoignages

Katerina, "Nous espérions rester en vie"

Dans son pays, elle photographiait les gens, des familles, des mariés surtout, leur bonheur et leur poésie. Un dimanche matin fin mars, nous rencontrons Katerina à la MJC des Quatre Bornes, alors que les bénévoles de l’association Échanges Lorraine Ukraine y distribuent des vêtements et donnent des cours de français. Oksana Husanova, qui vit en France depuis trois ans, nous sert d’interprète.

Jusqu’au début du conflit, Katerina et ses filles - Nastasia, 17 ans et Eva, 11 ans – occupaient un appartement à Kiev, au 5e étage d’une maison sans cave. « Nous ne pouvions croire que c’était la guerre, explique la jeune maman, mais nous avons entendu les sirènes. À 5 heures du matin, nous sommes descendues nous abriter dans le métro », raconte-t-elle. 

Après une journée entière dans les galeries souterraines, Katerina réussit à joindre les parents d'une amie de classe de Nastasia, qui viennent les chercher. Leurs hôtes habitent à 10 kilomètres de la capitale, le long d'une route fréquentée par les convois militaires des deux armées. « Nous pouvions distinguer si les explosions provenaient de tirs ukrainiens ou russes. Vivre là était très dangereux, nous espérions seulement  rester en vie », explique encore Katerina. Le 8 mars, les deux maisons voisines sont bombardées, partir est la seule solution. Le petit groupe retourne à Kiev récupérer quelques affaires à la hâte, prend un train de nuit pour Lviv, rejoint ensuite la frontière polonaise, puis Varsovie. « Nous sommes restées là une nuit, tout était bien organisé. Nous avons pu prendre un bus pour Metz. » 

La jeune femme et ses deux filles sont alors hébergées chez des connaissances et font face au quotidien, la scolarisation des adolescentes, etc. Elles s’inquiètent néanmoins pour leurs proches restés en Ukraine. « La guerre a détruit nos maisons, nos écoles, nos maternités », souffle encore Katerina. La photographe a pu emporter son Nikon « qui ne [la] quitte jamais ».

 

Alina, "On n'a pas le temps de pleurer"

En 2018 Alina visite la France, puis y revient en août 2021 pour y étudier en cursus Français langue étrangère (FLE) à Metz. Fin février, l’étudiante perd le contact avec son père resté à Kherson, qui est dans la région occupée. Alina évoque la propagande, les chaînes de télévision ukrainiennes coupées et remplacées par les informations diffusées par les Russes « Ils disaient que l’Ukraine avait capitulé et que la Russie  aidait la population. J’ai vu la différence avec des vidéos envoyées par mes amis, témoigne Alina, la population essaie d’empêcher la propagande. On n’a pas le temps de pleurer, enchaîne-t-elle, nous protégeons notre pays comme nous respirons. »

Notre territoire s'engage

La détresse ukrainienne a suscité un important mouvement de solidarité  sur le territoire. L’Eurométropole, la Ville de Metz, le CCAS et de nombreuses associations humanitaires se sont mobilisés pour aller chercher des réfugiés à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, et les accueillir chez nous.

Ils sont arrivés le mardi 8 mars vers 13 heures 30 au complexe sportif Saint-Symphorien. Deux cent trente-six réfugiés - beaucoup de femmes et d’enfants, quatre nourrissons, des hommes âgés, un chien et un chat, à bord de quatre bus affrétés par l’Eurométropole et la Ville de Metz. Les traits tirés racontent mieux que les mots tout ce qu’ils ont laissé derrière eux, leurs compagnons, leurs maisons, etc. Les arrivants se dirigent vers le bâtiment, accueillis par des applaudissements. Une centaine de personnes est sur le pont depuis plusieurs jours pour les accompagner. Des agents de la ville, de l’Eurométropole et du CCAS, des associations solidaires et humanitaires comme Médecins du monde et JRS Welcome, des interprètes bénévoles issus notamment de l’association Échanges Lorraine Ukraine (ÉLU) et des membres de la  réserve sanitaire constituée par la Ville de Metz pendant la crise.

En sécurité ici

Le complexe sportif, qui avait su se muer en centre de vaccination, est cette fois organisé pour qu’à leur arrivée les réfugiés puissent se laver, se reposer, se restaurer. Des soignants effectuent les tests de dépistage contre la Covid-19 et vaccinent les personnes qui le souhaitent. Des agents de la Préfecture procèdent aux premières formalités administratives.

Une bénévole accompagne Olia, une jeune maman ukrainienne et son fils Artem, 11 ans : « Vous pouvez vous reposer, vous êtes en sécurité ici », la rassure-t-elle. Chacun est frappé par « le courage et la dignité des réfugiés », confient les personnes qui leur servent des repas à l’étage. Les services du CCAS orientent vers les familles et les structures d’accueil qui ont répondu à l’appel.

Personne n’aura finalement à passer la nuit à Saint-Symphorien. Le 8 mars au soir, un tiers des arrivants était logé chez l’habitant, un tiers en centres d’hébergement, à Arry et Vigy notamment, le dernier tiers ayant quitté Metz pour rejoindre de la famille ou des amis dans d’autres régions.

Le CCAS poursuit l’accompagnement social des familles, en lien avec les associations locales. Les collectivités et les bailleurs sociaux travaillent ensemble pour proposer, à terme, des logements meublés aux réfugiés.
 

Dernière mise à jour : 24/05/2022

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