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Sacrés oiseaux au Pavillon de la biodiversité

Article du Mag#119, Novembre - Décembre 2025

Le mag'

Musée de la Cour d'Or

Publié le 25/11/2025

Spécimens rares, protégés, espèces menacées ou disparues, les animaux naturalisés et collectionnés depuis plus de deux siècles peuplent le nouveau Pavillon de la biodiversité. Parmi eux, les oiseaux, auxquels ce numéro du magazine de l’Eurométropole se consacre plus particulièrement, en compagnie de l’ornithologue Patrice Costa et de Maëlys Sinnig, cheffe du projet du nouvel espace d’exposition.

La grive dorée exposée au Pavillon de la biodiversité s’était-elle égarée par ici au cours d’une migration ? Toujours est-il que l’oiseau, rare en Europe, a été collecté en 1788 dans le bois de Rezonville, près d’Ars-sur-Moselle. Naturalisé puis entré au cabinet d’histoire naturelle messin fondé par Jean-Joseph-Jacques Holandre en 1817, le spécimen est à nouveau accessible au public. Comme des dizaines de ses congénères, après près de cinq décennies de patience dans les réserves messines.

Il faut voir aussi les volatiles qu’Alfred Malherbe, successeur d’Holandre à la tête du musée, a fait entrer dans les collections. Si ce naturaliste spécialisé dans l’ornithologie acquiert des perles rares, comme le Grand pingouin, l’une des vedettes du pavillon achetée au Museum du Danemark en 1831, le passionné étudie plus particulièrement les pics.

Pic zèbre à ventre sanguin, Pic épeiche et autres oiseaux grimpeurs colorés : 

« Il existe 230 espèces de pics dans le monde. Malherbe en a collecté 70 % qu’il a réunis ici à Metz, avec les moyens du XIXe siècle ! », souligne Patrice Costa, ornithologue, président du Conseil scientifique auquel est adossé le pavillon.

Bien avant Woody Woodpecker

Et bien avant que les studios américains n’élèvent Woody Woodpecker au rang de star, Malherbe les met en lumière.

Sa fameuse Monographie des picidés (1861 - 1863) recense les spécimens qu’il rapporte de ses voyages. Des reproductions de certaines des planches illustrées de l’ouvrage servent aujourd’hui de toile de fond aux pics naturalisés exposés dans les vitrines restaurées du pavillon.

Comme l’ensemble des animaux mis en scène, les oiseaux ont été entièrement nettoyés, confiés aux bons soins de Pauline Bertrand et de Anne-Catherine Goetz. 

« Les restauratrices du musée ont respecté l’esprit de la taxidermie de l’époque. Seuls les manques au niveau des plumes ou des griffes ont été comblés. Elles sont intervenues sur la structure du sujet uniquement lorsque celle-ci était en danger », précise Maëlys Sinnig.

On doit aussi le bon état général de la collection à Béatrice Petit, assistante de conservation à présent retraitée, qui s’est impliquée dans la naturalisation et l’entretien des spécimens de 1987 à 2019.

Les milieux naturels de la région

Après les deux premières salles aménagées dans l’esprit du cabinet d’histoire naturelle d’origine, les visiteurs du pavillon pénètrent dans un espace plus vaste présentant des espèces locales dans leurs milieux naturels. Hérons cendrés et Grèbes huppés au bord des rivières et étangs ou encore rapaces aux aguets en forêt.

« Ces habitats sont encore dans un état correct dans notre région, ce qui explique le retour des grands prédateurs à plumes, comme le Pygargue, géant qui hiberne sur nos grands étangs et jusqu’en Champagne-Ardenne. Un couple s’est installé dans l’étang de Lindre en 2011, aujourd’hui ils sont une demi-douzaine. Même chose pour le Balbuzard pêcheur et le Grand-duc d’Europe, détaille Patrice Costa. La bonne santé de nos espaces nature, dont les oiseaux sont un bon indicateur, explique également le retour de la Cigogne blanche », souligne-t-il.

Revers de la médaille, la situation n’est pas la même pour toutes les espèces. « Les prairies trop retournées, les vergers qui ne sont plus entretenus, la raréfaction des haies et avec elles des gros insectes » : tout ce que le spécialiste nomme « la banalisation des campagnes » a fait chuter la population des petits oiseaux des champs.

Le Pavillon de la biodiversité donne néanmoins l’occasion de (re)découvrir nos fragiles petits amis comme le Moineau friquet, dont le nombre a diminué de 80 % en 20 ans, ou encore la Pie-grièche grise en voie d’extinction. Et renforce notre motivation à protéger nos espaces naturels, la faune et la flore qu’ils hébergent.

Et sur le terrain ?

Quelques oiseaux remarquables à observer à proximité de chez nous :

  • Sur le Mont Saint-Quentin : Le Pic épeiche dans les forêts, l’Alouette des champs et les Milans noir et royal sur les pelouses calcaires et dans les champs.
  • Aux étangs de Saint-Rémy : Le Grèbe huppé, la Grande aigrette et le Cormoran.
  • Sur les bords de Seille au parc Jean-Marie Pelt à Metz : Le Héron cendré et le Martin-pêcheur d’Europe.
  • Sur l’église de l’Immaculée Conception de Queuleu : Le Faucon pèlerin qui y niche certaines années.
  • Au parc du Pas du Loup et au Fort de Queuleu : Le Rougequeue à front blanc et le Bouvreuil pivoine.

Dernière mise à jour : 05/11/2025

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