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Opéra Théâtre : Un lustre comme la Castafiore en aurait rêvé

Un véritable bijou créé dans les ateliers du Centre International d’Art Verrier de Meisenthal, éclaire désormais le hall Cheminée de l’Opéra-Théâtre.

Catégorie(s) : Le mag', Tourisme

La célèbre diva des albums d’Hergé en aurait probablement ri de bonheur ! Car véritablement, le luminaire qui éclaire depuis le 11 novembre le hall desservant la salle de spectacle et les balcons de l’Opéra-Théâtre messin, est un bijou. Littéralement un collier, qu’aurait inspiré notamment l’improbable Bianca, se voyant si belle en ce miroir au-dessus de la cheminée messine.

Le concepteur du lustre, Pierre Bindreiff du studio strasbourgeois V8 Designers,  assure même que ses 34 perles, « relient la tragédie, le drame et la comédie » ! Joli programme, pour lequel il fallait faire appel au talent ancestral des artisans verriers du CIAV de Meisenthal, structure publique gérée par la Communauté de Communes du Pays de Bitche.

Naissance d’une perle

Sans dévoiler tous les secrets de fabrication de l’objet, on précisera  que les fameuses perles sont des globes de verre soufflé en opaline blanche, laquelle est accordée à la tonalité des murs du hall de l’Opéra-Théâtre.

Pour donner naissance à chacune des perles, le souffleur recueille une petite quantité de verre incandescent à l’extrémité de sa canne. L’un de ses coéquipiers vient y déposer une bille blanc-opaline, noyau que le verrier enrobe alors de verre incolore.

 

Trois cueillages successifs dans le four maintenu à 1150° C seront nécessaires pour obtenir le volume souhaité. À chaque reprise, le verrier modèle la masse de verre en rotation à l’aide de mailloches de tailles adaptées, puis de mouillettes de papier journal.

 

La moindre impureté est prélevée aux ciseaux dans la forme malléable, qui est à nouveau réchauffée pour effacer toute trace d’intervention.

Lorsque la juste quantité de verre est prête, l’artisan se positionne en surplomb d’un moule de hêtre vert, issu des forêts du Pays de Bitche, et y plonge son ouvrage. Le moule est refermé, et le souffleur fait une nouvelle fois montre de son savoir-faire magique. La matière adhère aux parois interne de la matrice, que l’on rouvre. Émerge à l’air libre une perle d’un blanc pur, mesurant à présent 25 par 36 centimètres.

Détachée de la canne, la délicate réalisation est placée dans un four de recuisson pour passer progressivement de 650° C à température ambiante. Le lendemain, découpe, polissage, sablage et satinage seront encore nécessaires pour que la perle revête son aspect définitif.

 

Ingénierie et artisanat d’art

Suite de l’histoire, l’introduction dans chaque perle d’un dispositif lumineux : convertisseur électronique et leds, pour un « rendement électrique excellent », précise le designer. Le système ne devait sous aucun prétexte rester visible par transparence, raison d’être de la couche de couleur intérieure.

Le tout est monté sur une structure aluminium. La jonction des perles entre elles a supposé la fabrication de pièces spécifiques imprimées en 3D.  Et pour obtenir un collier formé de deux arcs de cercles parfaits, les concepteurs ont dû défier les lois de la pesanteur. Les deux courbes pourraient ainsi tout aussi bien retracer la trajectoire d’un avion survolant les côtes de Moselle, celle de la baguette enjouée d’un chef d’orchestre, ou encore… un décolleté, plongeant à 1,50 de profondeur, ceci à 2,50 du sol.

Alors que le montage ne laissait aux concepteurs que très peu de marge d’erreur – « un demi-millimètre pour un objet qui fait 10 mètres linéaires » – le nouveau lustre a de quoi étonner plus d’un spectateur au détour du joli hall !

Pendant que l’on découvre la surprenante réalisation, Yann Grienenberger, directeur du CIAV de Meisenthal, se réjouit. « La qualité de la production dépend aussi de la qualité de la commande », apprécie-t-il.

Et dans notre Opéra-Théâtre, le plus ancien de France en activité, le lustre se prépare à briller «  plusieurs siècles », lui souhaite Patrick Thil, conseiller délégué de l’Eurométropole en charge des équipements culturels, et adjoint au maire de Metz.

La conception et la fabrication du lustre de l’Opéra-Théâtre ont été financées par UEM, mécène de l’opération.

Dernière mise à jour : 28/11/2023

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